Parcours personnel

Expert en Systèmes de Performance Management pour les grands groupes, j'ai, très tôt, été convaincu des apports certains du standard XBRL à ce domaine d'activité. Membre actif de XBRL France, XBRL Europe et XBRL International, j'exerce en tant qu'expert sous la raison sociale etXetera. J'ai représenté Cartesis en tant que membre fondateur de XBRL France.
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lundi 15 décembre 2008

XBRL : la rupture !

XBRL est à l’EDI ce qu’internet fut au minitel
Il s’agit là d’une affirmation quelque peu provocatrice, mais tout de même objective. Le tsunami internet a emporté, dans son déferlement, tous les efforts intellectuels et matériels investis en France dans le minitel. Une des principales raisons est qu’il s’agissait d’un phénomène international qui s’est répandu grâce à la puissance et la légitimité que ce statut lui conférait. Phénomène gagnant-gagnant dans lequel les opérateurs et les utilisateurs ont bien compris tous les avantages.
En matière de transfert de données financières, la vague XBRL gonfle et ne s’arrêtera pas aux frontières de la France.

Finis les documents papier, les scanners approximatifs de documents PDF.
Ce qui est important est le contenu : la donnée, qui, numérisée à l’aide d’un standard, reste unique grâce à une définition précise qui circule avec elle et devient disponible à tous.

Finis les formats multiples,
les formulaires Cerfa tracés au millimètre, les documents comptables divers préparés pour les banques, pour le dépôt aux greffes, pour une publication plaquette ou pdf sur Internet. Aujourd'hui, la même donnée est demandée autant de fois qu’elle est incluse dans un support avec toutes les erreurs de saisie, ressaisies ou de contrôle et de rapprochements que ce processus comporte. Demain, la donnée étant au centre, on évite sa recopie d’un support ou d'un format à l’autre.

Fini l’EDI propriétaire nécessitant de passer par des intermédiaires agréés. L’EDI se limite aujourd'hui en France aux imprimés fiscaux et est défini par rapport à ceux-ci. Une dématérialisation en EDI suppose donc que l’on distribue aux banques ou aux greffes des formats définis par l’administration fiscale et non par la réglementation comptable. Les formats ne sont certes pas très divergents pour les états financiers de synthèse. Ils le sont plus pour les tableaux annexes et les imprimés fiscaux ne comportent pas l’annexe aux comptes qui fait partie intégrante des comptes annuels.

XBRL est un standard ouvert, générique et libre
Un standard ouvert signifie qu’il décrit lui-même la façon dont il peut être étendu pour des besoins propres. Générique signifie qu’il permet les transferts de données indépendamment des systèmes qui les produisent ou les consomment. Libre signifie qu’il est fourni gratuitement par un consortium international et qu’il se doit d’être suffisamment large et stable pour être adopté par le plus grand nombre.

XBRL met les données en libre service. Chaque donnée publiée sous format XBRL devient une donnée absolue portée par la définition et le référentiel de norme qui lui sont liés. Par exemple, le Chiffre d’affaires est unique et n’a qu’une définition qui est celle du Plan comptable indépendamment du document dans lequel il se trouve : compte de résultat comptable, fiscal, en compte ou en liste et toute note annexe le commentant. Le Chiffre d’affaires peut donc être ainsi utilisé comme une donnée comparable d’un exercice à l’autre et d’une société à une autre. S’il s’agissait du Chiffre d’affaires défini par les IFRS, il pourrait être également comparé d’un groupe à un autre sans distinction de pays d'appartenance, pouvu qu'il ait adopté cette norme.

XBRL permet une économie sur la publication, sur l’analyse des données, sur les rapprochements entre reporting. Il est trop tôt pour disposer de statistiques sur les économies réalisées. Il est cependant facile d’imaginer que la préparation d’un fichier de données ou de fichiers de données satisfaisant tous les besoins d’échanges ou de publication selon une taxonomie commune ou des taxonomies héritant toutes du même noyau commun feront réaliser des économies dans la préparation, la manipulation, les ressaisies et contrôles en découlant.

Pourquoi ne pas imaginer des moteurs de recherches spécialisées pour les données financières qui seraient à même d’interroger toute donnée financière présente sur le web au format XBRL et permettant ainsi la réalisation de recherches ou de benchmarking instantanés. Les intermédiaires ajouteraient de la valeur aux données offrant des présentations agréables à l’utilisateur ou des ratios, tendances et autres analyses facilitant les comparaisons.

Tout ceci est-il si difficile à mettre en œuvre ?
Si l’on se limite, comme il est suggéré ci-dessus, aux données publiées, il est très simple de produire des données au format XBRL. Il est également possible de procéder par étapes successives en allant du plus simple (les états de synthèse, par exemple) au plus compliqué (les détails de certaines notes annexes, par exemple).

Comment démarrer ? L’étape la plus consommatrice de temps est celle qui consiste à s’assurer de l’existence de la source des données et des possibilités de lecture de ces données. Pour ce qui est des étapes plus techniques de lecture, de mise en correspondance des données avec la taxonomie XBRL et de mise en forme des données en XBRL (en accord avec la spécification de la norme), des outils simples existent d’ores et déjà qui fonctionnent en bout de chaine, donc sans pratiquement aucun impact sur les systèmes existants. Il est également relativement simple de récupérer les données pour les analyser directement ou les introduire dans des bases de données de stockage et d’analyse. Il y a d’ores et déjà des références en la matière sur les outils utilisés.

A terme, mais seulement à terme, XBRL s’introduira au cœur des systèmes afin de permettre tout échange automatisé de données entre systèmes selon une taxonomie complexe satisfaisant aussi bien les demandes internes qu’externes. Une des réticences actuelle à l’adoption du standard XBRL est la crainte d’avoir à refondre des systèmes informatiques coûteux et sophistiqués. Les cataclysmes de l’an 2000, des IFRS ou de Sarbanes Oxley sont encore présents dans l’inconscient collectif. Il n’est donc pas nécessaire de mettre en avant un « big bang » mais plutôt une adoption graduelle qui fera son chemin étape après étape et selon les degrés de satisfaction de chaque étape et les économies et optimisations concrètes obtenues.

L’adoption d’XBRL représente bien une révolution, une révolution qui prend son temps mais dont la tendance de fond est à l’accélération !